Mardi 13 juin, Benoît Huet, membre du conseil d’administration d’Un Bout des Médias intervenait au nom de l'association lors d'une table ronde organisée par Vert autour de la question “Peut-on avoir des médias indépendants ET puissants ?”. La salle parisienne du Point Éphémère était comble pour assister à cet échange où intervenaient également Mathieu Molard de StreetPress, Marine Doux de Médianes, Stéphane Alliès de Mediapart ainsi que Jean-Christophe Boulanger de Contexte.
Affirmer qu’une presse indépendante n’a d’intérêt que pour elle-même, a été le point de départ de cette conférence. Stéphane Alliès, co-directeur éditorial de la rédaction de Mediapart, renchérit sur cette définition de l'indépendance des médias en défendant leur maxime “seuls nos lecteurs peuvent nous acheter”. C’est également la culture de l’indépendance qu’il faut entretenir selon Mathieu Molard, rédacteur en chef de StreetPress, se réjouissant que “plus on emmerde les puissants, plus on est rentable”.
Le cœur de la discussion était pourtant bien là : le défi du financement pour les médias indépendants. Benoît Huet, avocat spécialiste du droit de la presse, expliquait pour Un bout des Médias que c’est le type de structure capitalistique des médias qui garantit leur indépendance. Il affirme qu’il faut décorréler possession du capital et pouvoir des dirigeants avec la possibilité notamment, de mettre en place différents types d’actions auxquels sont attachés des droits spécifiques, assurant aux employés un pouvoir décisionnel.
Pour les questions économiques, la palette de possibilités est donc large. Les puristes comme Mediapart sont financés uniquement par les abonnements, StreetPress fonctionne par des dons, des aides publiques et des prestations (production de contenu, formation), tout comme l’agence Médianes qui utilise aussi la publicité.
La publicité qui interroge par ailleurs sur sa compatibilité avec l’indépendance des médias. Jean-Christophe Boulanger, PDG de Contexte explique que ce qui lui importe c’est plutôt l’interdépendance qui induit que l’on puisse se passer d’une source de financement ou d’un annonceur. Si l’on sait que l’on peut déplaire à un financeur et le perdre car les autres resteront, alors la presse reste indépendante.
Être puissant c’est aussi une affaire de gouvernance. Pour cela, l’une des options évoquées et portées par Un bout des Médias est l’equity crowdfunding, un système de levée de fonds participatif qui permet aux citoyens de prendre des parts au capital des médias.
Après cette ébullition d'idées et de points de vue, un constat s’impose tout de même : aujourd’hui les médias puissants ne sont pas indépendants. Alors devant ce fait, il nous reste à nous mobiliser et à agir !