Le magazine « Science & Vie » survivra-t-il à Reworld Media ? Voici la question que les lecteurs se posent, désireux de comprendre comment cette référence de la presse scientifique a pu perdre les trois quarts de ses journalistes depuis 2019 et son rachat par le groupe de presse français Reworld Media.
Incompréhension, démission de la rédaction… L’association Un Bout du Monde attire l’attention sur ce danger de plus en plus courant dans la presse aujourd’hui : la privation d’indépendance journalistique des rédactions par leurs actionnaires qui mettent en péril leur méthode de travail ainsi que leur liberté d'informer et d'écrire.
Nous avons reçu Hervé Poirier, ancien directeur de la rédaction de « Science & Vie » ayant travaillé au journal pendant 21 ans. Il a d’abord accueilli avec espoir l’arrivée d’un nouvel investisseur comme Reworld Media, pour enfin faire prendre le tournant numérique à un magazine plus que centenaire. Pourtant, la baisse des moyens consacrés à l’enquête journalistique et l’approche mercantile du groupe prenant de moins en moins en compte l’information scientifique vérifiée, a poussé Hervé Poirier à quitter la rédaction dès septembre 2020.
Pour Un Bout du Monde, l'ancien directeur de la rédaction de « Science & Vie » témoigne
Hervé Poirier se dit inquiet de voir le niveau d’exigence de travail que les journalistes se détériorer depuis l’arrivée du nouvel investisseur. Produire de l’information de qualité coûte cher et pourtant, Reworld Media ne semble pas prêt à y mettre les moyens nécessaires :
Je pense que les conditions ne sont plus réunies pour qu'ils [les journalistes] fassent un travail qui soit à la hauteur des légitimes attentes des lecteurs.
A l’ère des fausses nouvelles, l’ancien directeur de la rédaction de « Science & Vie » compare le fait de faire attention à ce qu’on lit à une question d’hygiène, comme lorsqu’il s’agit de faire attention à ce qu’on mange. Et même si Hervé Poirier reste très attaché au journal, il ne peut qu’être inquiet de la tournure que prend la gestion du magazine :
On assiste à une destruction d'une valeur, d'une marque et ça nous fait beaucoup de peine.
Chez « Science & Vie », les intérêts de l’actionnaire semblent donc incompatibles avec les besoins de la rédaction, mais Hervé Poirier nous rappelle que la marque « Science & Vie » appartient autant à Reworld qu’à ses lecteurs :
Cet attachement à « Science & Vie » n'appartient pas à Reworld, il appartient à chacun de ses lecteurs et ce magazine appartient au patrimoine national, il perdurera.
Retrouvez l’intégralité de l’interview sur la chaîne YouTube d’Un Bout du Monde :
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Pour plus d’information, nous vous invitons à [re]visionner le passage de notre présidente Julia Cagé sur France Culture le 31 mars dernier :