Reporters Sans Frontières (RSF) a pour mission la défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes. L’ONG a publié, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse du 3 mai dernier, la 21e édition du classement mondial de la liberté de la presse, qui mesure les conditions d’exercice du journalisme dans 180 pays et territoires. Ce classement révèle des changements majeurs et parfois radicaux, liés à une instabilité politique, sociale et technologique.
Selon RSF, les conditions d'exercice du journalisme sont considérées comme mauvaises dans 7 pays sur 10 et satisfaisantes dans 3 pays sur 10. Le classement, qui se base sur des indicateurs politiques, économiques, législatifs, sociaux et sécuritaires, hisse en top 3 la Norvège, l'Irlande et le Danemark.
Quelques évolutions importantes sont à noter, du fait du contexte politique. Le Brésil (92e) remonte de 18 places, du fait du départ de Jair Bolsonaro, la situation passe de “problématique” à “très grave” en Inde (161e ; -11) et en Turquie (165e ; -16). Quant au Sénégal (104e), il perd 31 places, notamment du fait de la forte dégradation des conditions sécuritaires des journalistes.
La Russie perd 9 places au classement mondial de la liberté de la presse 2023 et se place au 164e rang. Elle a mis en place un nouvel arsenal médiatique pour propager son discours dans les territoires occupés du sud de l’Ukraine et a renforcé la répression des médias indépendants russes, interdits, bloqués ou déclarés “agents de l’étranger”.
Enfin, le rapport de RSF met en évidence “les effets fulgurants de l’industrie du simulacre dans l’écosystème numérique sur la liberté de la presse”. Il s’agit de la production et de la diffusion massive de contenus manipulatoires, qui brouillent la frontière entre le vrai et le faux, le réel et l’artificiel, les faits et les artefacts, mettant en péril le droit à l’information. Le rapport cite des exemples de fausses images générées par l’intelligence artificielle (IA) ou de propagande orchestrée par des acteurs politiques.
En bonus, petit horizon de la liberté de la presse dans le monde :
- Dans l’est de la RDC, le blues des reporters de guerre
- Bilan contrasté pour la liberté de la presse en Europe au cours d’une année marquée par la guerre
- En Tunisie, des médias muselés par un pouvoir toujours plus autoritaire
- En Colombie, la moitié des radios publiques appartiennent à l'armée et à la police