L’association Un Bout des Médias est née autour d’un principe fondamental : les citoyen•es doivent pouvoir accéder à une information libre et de qualité pour pouvoir exercer leurs choix démocratiques en toute indépendance. Cela suppose pour commencer de garantir l’indépendance des médias, dont les meilleurs garants sont selon nous les journalistes et les citoyens.
Or la situation actuelle des médias d’information est extrêmement préoccupante, avec d’une part une concentration croissante du secteur entre les mains d’un petit nombre de milliardaires qui tirent l’essentiel de leurs ressources d’autres secteurs d’activité, d’autre part, la perte de confiance des citoyens (en France et au-delà) envers les médias et les journalistes, ce à quoi il faut ajouter une propagation croissante de fausses information sur les réseaux sociaux, de nombreuses attaques contre les principes fondamentaux de déontologie des rédactions,…
Les adhérents et les bénévoles d’Un Bout des Médias ont la conviction que ce sujet n’est pas – et ne doit surtout pas devenir – la chasse-gardée exclusive d’un petit nombre d’experts. Cela nous concerne tous et c’est donc tous ensemble que nous devons nous mobiliser et agir en tant que citoyens engagés.
UBDM s’engage auprès de Marsactu, un média d’investigation locale
Il existe de multiples manières d’agir pour l’indépendance des médias. Aujourd’hui, l’association Un Bout des Médias a décidé d’ajouter une corde à son arc et de passer à la pratique en prenant une participation minoritaire dans le média d’investigation Marsactu. Cette participation est modeste, à la hauteur des moyens de l’association, et s'est faite à la demande des équipes de Marsactu. Elle est minoritaire et le restera. Mais notre volonté est forte : il s’agit est d’accompagner Marsactu dans son développement et de soutenir les valeurs d’indépendance et de qualité qu’il défend.
Pourquoi Marsactu plutôt qu’un autre média, se demanderont peut-être certains ? D’abord – nous l’avons souligné – parce que les équipes de Marsactu se sont tournées vers nous et ont réussi à nous convaincre. Ensuite et surtout, parce que Marsactu est un média d’investigation local, basé à Marseille, et que l’information locale est selon nous aujourd’hui insuffisamment protégée alors même qu’elle est au cœur de la vie démocratique. On parle souvent, à juste titre, de la concentration des médias nationaux. Mais on oublie de préciser qu’en France la presse régionale est au moins tout aussi concentrée, du groupe Ebra qui publie du sud des Alpes jusqu’à la frontière luxembourgeoise, à Centre-France dont les publications vont du Puy-en-Velay jusqu’aux limites de la région Ile-de-France. L’existence de ces titres n’est pas une mauvaise chose en soit, au contraire ! Sans eux, nombreux seraient les déserts informationnels en région. Mais une situation de monopole n’est jamais satisfaisante, et c’est – du fait des insuffisances de la loi de 1986 – ce qui caractérise malheureusement nombre de ces titres. Dans ce paysage concentré, Marsactu donne la possibilité aux Marseillais et aux Marseillaises de disposer d’une information variée et de qualité en plus de celle que leur offre la presse quotidienne régionale.
De plus, il est important de noter que nombre des dossiers traités par Marsactu – comme d’ailleurs par d’autres médias d’investigation locaux comme Mediacités, Le Poulpe, Splann, pour n’en citer que quelques-uns – ont un intérêt qui dépasse largement les frontières géographiques de ces médias. Pour Marsactu, il suffit de penser à l’enquête intitulée « L’Emprise » sur les trafics de drogue et ses conséquences dans la vie quotidienne des personnes qui en souffrent. Un sujet qui dépasse bien évidemment largement la ville de Marseille.
Une rédaction aux commandes
A noter également qu’Un Bout des Médias défend depuis sa création l’importance du rôle des journalistes dans la gouvernance des médias, car ils en sont selon nous les meilleurs garants de l’indépendance. La situation ne serait pas la même aujourd’hui au Journal du Dimanche si la loi accordait aujourd’hui aux journalistes un droite de veto sur le choix du ou de la directrice de leur rédaction. Or à Marsactu – et nous ne pouvons qu’applaudir cette situation ! – ce sont les journalistes qui sont majoritaires au capital. Ce sont donc eux qui prennent les principales décisions.
Les journalistes, le journalisme et les lecteurs sont au cœur de Marsactu. Notre engagement à ses côtés est aussi un moyen pour nous de soutenir ce modèle du journalisme de qualité.
Romary Daval
Secrétaire général de l’association Un Bout des Médias